Séjour en Bretagne, partie I

03/01/2025

Au bout du chemin, tu trouveras la maison, mais avant, il te faudra te débarrasser de tout superflu. 

Seule indication, pas très engageante et compréhensible. Mais j'avais décidé de venir, d'aller jusqu'au bout. Le taxi fait demi-tour et me laisse en ce début d'après-midi de printemps au pied d'un chemin qui serpente entre les hautes haies. Une longue chaîne barre le chemin, entre 2 piliers de béton, flanqués de panneaux « Propriété privée ». Les 1ers virages passés, une petite pancarte indique une halte. Déposer ses bagages dans le panier. Je m'exécute et laisse-là valise et sac à main sans m'arrêter plus de temps.

Oui, je le sais, en venant dans ce coin perdu de la bretagne je m'engage sur la voie, dans un temps défini, de la renonciation. Je connais la suite, pour partie et je m'y suis préparée avec lui.

Quelques centaines plus loin, une seconde halte imposée. Je peux lire « A partir d'ici, plus besoin de chaussures ». Je dépose dans le panier mes baskets et chaussettes et poursuit sur le tapis d'herbe verte et fraîche couvrant l'étroit chemin. Je reprends la marche avec cette fois un peu plus d'appréhension, sans doute de sentir l'herbe sous mes plantes peu habituées. Et puis il y a cette boule au milieu du ventre. Je la sens grandir avec un plaisir mêlé de peur.

J'y suis… je ne vais pas renoncer ; j'ai trop envie de toute façon et c'est moi qui l'ai décidé.

Lorsque je l'avais vu pour la première fois, c'était à l'automne dernier. Un peu par hasard, mon groupe d'amies en parlait comme d'un évènement un peu particulier. Il venait faire une conférence sur la gestion du stress. Sans intérêt vais-je d'abord rétorqué. Mais je n'étais pas sur le bon sujet. Lui était le sujet, et non le thème qu'il abordait.

??? pas compris.

« Tu ne sais pas qui il est et ce qu'il fait ? »

« Non, pourquoi ? ».

« Eh bien balades-toi un peu sur le net et vois par toi-même » m'avaient-elles conseillé en riant.

Le soir même et quelques requêtes plus tard, le conférencier qu'il était découvrait ses passions, sa culture, ses recherches, ses actions, autour de ce qui me tenait aussi de centre d'intérêt inavoué.

Le jour de sa conférence, j'étais présente, bien sûr. La cinquantaine grisonnante, plutôt svelte, je ne retenais rien de la gestion du stress en entreprise : concentrée à découvrir une voix douce mais autoritaire, sûre ; une gestuelle minimaliste, sans précipitation. Je découvrais l'homme et m'interrogeais tout au long de son exposé c'était bien lui, de l'autre côté de la toile. Les photos, les textes, était-ce possible tant le stéréotype que je m'en faisais était aux antipodes.

La session terminée, je filai à la sortie discuter avec les autres lorsque l'une d'elle le héla. Vu de l'amphi, je n'avais pas remarqué sa belle taille. Quelques échanges de politesses plus loin, il prend congés de nous.

« Comment tu le connais ? ».

« Disons que j'ai séjourné quelques semaines dans sa maison en Bretagne. C'est magnifique, en bord de mer et isolé. Tu te croirais sur une île. C'était très riche, intense ». Je n'en saurai pas plus dans l'immédiat, trop de monde autour. Je peux l'appeler si je veux en reparler.

Je le regarde disparaître au fond du couloir, intriguée qu'une amie ait pu passer du temps avec lui, comme ça, alors qu'elle est mariée depuis des années. A voir.

Les jours suivants, je reprends contact avec elle et m'explique le pourquoi de ce moment, son désir.

« J'ai été transformée. Je ne peux te révéler ce que j'ai fait, ni vécu là-bas, c'est une condition. D'ailleurs, c'est marrant, le terme « condition », tout ce que j'ai fait dans ce lieu tourne autour de la condition. » Un sourire presque Béa lui dessine le visage et je la perds quelques instants, plongée qu'elle est dans son revival du voyage.

« Tient, son tel, si tu veux prendre contact ».

J'enregistrai le numéro sur mon téléphone et l'oubliai quelques heures. Le soir, à peine rentrée, sa voix me revenait en tête. Nouvelles recherches sur le net. Certaines des photos m'effrayaient un peu, d'autres m'excitaient. J'y trouvait pourtant chaque fois un profond respect des corps, de l'anonymat. Aucun visage n'apparaissait : coupé, caché sous les mèches de cheveux, masqué sous une cagoule de latex rouge ou noir. Le corps y était cependant pleinement exposé, en gros, en large ; je découvrais mes tabous cachés en rougissant devant l'écran, mes envies aussi. Peu d'écrits sur ses réflexions, beaucoup de textes pornographiques parlant de bondage, de BDSM, de soumission, de jeux érotiques et de tourments.

2 heures plus tard, j'osais composer le numéro. Aujourd'hui je suis bientôt dans son antre.

Un autre virage qui débouche sur une petite clairière toujours entourée de hautes haies. Ronde avec en son centre à nouveau un panier et une pancarte : abandonnez ici vos vêtements.

Un rapide coup d'œil autour, rien. Je suis seule et l'excitation m'envahit. Je m'exécute en pensant qu'il me regarde, caché derrière le feuillage dense. Non. Je suis seule.

Nue, je dépose le reste de ma superficialité au fond du panier d'osier. Abandonnant sur place ce qui me sert de paravent face à l'autre, face à lui.

« Si tu viens, tu ne porteras que ce que je t'ordonnerai de porter ».

« Oui ».

Et là, à ce moment, je ne porte plus rien que mon corps, débutant mon abandon.

A l'autre bout du cercle d'herbe, deux chemins s'offrent à moi pour poursuivre cette balade imposée. A l'entrée de chacun, une indication : « direct et exposé » et « détours discrets ». Je choisi le premier. Non que je sois pressée, la peur qui gonfle de me retrouver face à lui, m'indique plutôt le chemin avec détours, mais le « exposé » me fait penser que le soleil sera de la partie et les rayons sur mon corps nu ne seront que plaisir.

Je file donc sur le sentier, profitant d'une vue plus dégagée. De loin, j'entends les vagues déferler sur les rochers, sans l'apercevoir encore. L'herbe est douce, légèrement fraîche malgré le soleil. Je repense à nos conversations, ma foule de questions dont je l'avais assommé au fil des semaines qui avaient précédé mon départ. Indiscrète au début, curieuse de savoir ce qu'il cherchait à éviter. Il avait appris à ne pas en parler, faute d'incompréhensions trop souvent rencontrées. Mais j'avais tenu bon, sachant déjà au fond de moi que notre passion était commune.

Perdue dans mes pensées et concentrée à ne pas me faire mal au pied malgré la souplesse du terrain, je n'entends pas venir à ma rencontre deux randonneurs. Trop tard ! Je me fige. Pas le temps de penser, je me cache le sexe et les seins, regarde où je peux sauter, aucune possibilité. Interloqués, ils me regardent filer en courant les yeux baissés, bredouillant au passage un pauvre « excusez-moi ». Au virage suivant je me retourne, ils ne m'ont pas suivi. Je stoppe, haletante. Je viens de comprendre le « …plus exposé » de la pancarte.

La suite du trajet se passe sans encombre, pas de nouvelles rencontres et une attention soutenue au moindre bruit.

Enfin la maison se découvre. Face océan, longère de pierre avec plusieurs bâtiments annexes. Le jardin est mêlé de fleurs et d'herbes, ceinturé d'hortensias roses et violets. Je m'approche de l'entrée quand j'entends sa voix derrière un massif : « à te voir, tu as pris le plus direct et exposé, non ? ».

Il apparaît.

« Oui, comment as-tu deviné ? ».

Nos regards ne se lâchent pas un moment, puis il mime mes mains qui cachent toujours mes parties intimes. Je sourie et baisse les yeux avant de les mettre le long du corps.

« Bien. Position d'inspection. Pour note, comme tu l'as souhaité, tout manquement est puni de fouet ou fessée à ma guise. Je te punirai après l'inspection, tu m'as tutoyé ».

Bras derrière la tête, jambes écartées, ça démarre fort !

« Oui maître, merci maître ». Ces mots, je ne les ai jamais prononcés à voix haute jusqu'à présent. Mais cela m'est venu d'un coup. Je rougie gardant malgré tout le regard fixe. Pas de réprimande, j'ai bon.

Toujours face à moi, il continue à fixer mon visage sans un mot. Il approche sa main lentement, caresse ma joue et glisse la mèche de cheveux derrière l'oreille ; puis, descend sur mes épaules, tourne en-dessous et glisse sous mes aisselles. Son regard suit ses doigts qui se rejoignent et entament une ronde autour de mes seins. Avec une infinie lenteur, il poursuit la descente et pose ses paumes sur mes hanches avant de s'accroupir.

Sans indication particulière de sa part, je ne suis pas totalement épilée. Un court ticket de métro laisse apparaître mon sexe largement. Est-ce à son goût ? Sentir son visage si proche de mon intimité me donne le tournis. Je prends conscience que je m'offre complètement, sans filtre aucun. Il le sent et pose une main apaisante sur mon ventre qui se gonfle et se dégonfle d'air de plus en vite.

Après quelques instants, il relève la tête vers moi et lance : « tu as un sexe magnifiquement épilé ». Ses mains filent entre mes jambes avant de remonter, provoquant chez moi une baisse de tension immédiate et un petit sourire de chatouillis.

« Tournes-toi ».

Un instant d'observation, la caresse de rigueur et il m'assène deux belles claques sur les fesses. Surprise et déséquilibrée, je m'avance pour ne pas tomber.

« Reprends la position ». La fessée se poursuit. Je regarde au loin en comptant les coups. Il ne me l'a pas demandé mais cela me permettra de jauger ma résistance. Au bout de dix, la chaleur se diffuse. A vingt, j'ai mal et chaque coup supplémentaire est comme une brûlure. Il s'arrête à vingt-deux.

« Bien. Tu es magnifique, vraiment magnifique. Je suis ravie que tu sois là. Je vais aller chercher tes affaires, tu vas m'attendre. Suis-moi, je vais t'indiquer où ».

En même temps que nous passons de l'autre côté de la maison par un petit chemin de terre sinueux il s'enquiert poliment de mon voyage. Comme je ralentie pour ne pas me faire mal sur les petits cailloux qui dépasse ça et là, il revient sur ses pas et continue ses questions tout en me soutenant par le bras. Un profond jardin s'ouvre à nous avec, en fond, l'atlantique d'un bleu intense. De part et d'autre, de hautes haies masque les alentours. Au bout, la mer avec ses falaises.

« Ici, je suis au paradis ». Me dit-il, et je veux bien le croire pensais-je… .

Disséminé dans le jardin, plusieurs petits bosquets semblent renfermer des objets mais je ne peux les distinguer.

« Nous profiterons du jardin un peu plus tard », et il m'invite à entrer dans la maison.

L'intérieure est strictement épuré, mais chaleureux. Une large cheminée à l'éthanol brille dans le salon avec quelques sièges et poufs acidulés. Une amphore, posée sur un socle en fer, trône au milieu de la pièce. Du vestibule de l'entrée j'aperçois aussi la cuisine et un large plan de travail noir flanqué de meuble en bois légèrement cérusé. En face, longeant le mur, un escalier de dalle de pierre sans rambarde file vers les étages.

Pendant que j'en suis à l'observation de mon nouvel univers de vie, mon maître place au centre de l'entrée un tabouret en fer, ouvre le sac posé dessus et se retourne vers moi.

« Tu vas m'attendre assise ici. En position de dévotion, après avoir placé le contenu du sac sur ton corps. Il y a des indications si nécessaire. A mon retour, nous aurons notre première séance. »

Nous nous regardons dans les yeux jusqu'à ce qu'il se taise, puis je les baisse d'un coup. Une brusque montée de chaleur me saisie le ventre et les joues. Tout me brûle et j'ai peine à trouver de l'air. Cç y est, c'est entendu, je débute mes leçons et cela commence tout de suite, sans que je n'aie eu le temps d'y penser.

J'acquiesce de la tête et tente de maîtriser les battements rapides de mon cœur qui cognent dans ma poitrine.

« Bien. A tout à l'heure donc ».

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