Porte noire, le gode
Il est 19 heures. Quelques lueurs se distinguent des fenêtres étroites de la grange, sans doute des bougies qui tremblent légèrement. Mon cœur frappe tempes et poitrine. Rapide coup d'œil autour de moi, personne. Seule devant la monumentale porte noire. Je me déshabille et me présente nue, comme convenu. Ce soir je serai au centre de son attention. Ce soir il m'immortalise dans le boîtier, sur le papier.
Je frappe et me place en position, visage baissé, bras écarté, paume face à cette porte qui s'ouvrira dans un instant.
Le clac du fer, le crac du bois.
« Entre ».
L'intérieur se découvre enfin à moi, après tant de semaine dans l'antre de l'autre grange, à la porte rouge.
De petits braséros diffuse leur lumière sur le sol, le mobilier et les ustensiles. Des dizaines de bougies disséminées partout viennent parfaire ce décor de tentations.
« Avance jusqu'au centre, je termine de préparer la table ».
Je m'exécute et me place au milieu d'un groupe de bougies posées à même le sol, sans nul doute préparées à mon intention. A genou sur le sol, main dans le dos, je fixe mon regard sur le mur où sont accrochés fouets et paddle. Mon maître à bien fait les choses, la pièce est splendide. Le crépitement, la douce chaleur et l'odeur qui s'échappent des bûches finissent de mettre mes sens en ébullition.
J'en suis à mes pensées quand il s'approche et se pose face à moi. Sans un mot, il pince de deux doigts mes tétons et me tire les seins vers le haut.
« Lève-toi ».
Sans attendre, il tire de plus belle et m'arrache un cri de douleur pendant que je bondie du sol. Une fois debout, il lâche prise, passe derrière et me claque tour à tour les fesses jusqu'à ce que je crie de nouveau.
La séance va être dure s'il continue ainsi. Je suis redescendue à ma condition d'esclave, d'un coup. Mon cœur bat toujours aussi vite, n'appréciant plus l'inconnu mais se préparant à expier.
Aux claques font place les caresses. Je me redresse et souffle pour me calmer pendant que ses mains me parcourent. Baiser sur l'épaule.
« Collier et bracelets avant d'aller à la table ». Il décroche du mur les ustensiles et me les passe au cou, sur les poignets et les chevilles qu'il relie avec le mousqueton. La laisse finie la panoplie.
« Allons-y ».
L'entrave ne m'autorise que des pas minuscules. Sur la pointe des pieds, je suis en sautillant moitié derrière lui jusqu'à mon lieu de plaisir, les fesses un peu en feu malgré tout. Il s'arrête brusquement.
« J'ai oublié ton bâillon ». Détour pour le prendre et me l'attacher.
Les yeux rivés sur mes pieds pour ne pas tomber, je ne vois la table que quand il s'arrête devant. Longue, rectangulaire, couverte d'un tapis foncé noir matelassé. Un gode noir y est ventousé, de bonne taille, sans être effrayant. La lueur des bougies qui l'éclaire vacille à notre arrivée.
« Est-ce que cela te plaît ? ».
J'acquiesce de la tête. Je me découvre un certain entrain dans le geste. Oui je le sais, oui je suis là parce que je la voulais cette séance. Oui je vais m'affairer sur cet objet, sans pudeur, sans retenue. Oui je vais prendre le plaisir que l'on m'autorise. Je suis nue, humiliée, mais mon ventre sent déjà l'excitation monter en moi.
« Monte ».
Esclave entravée, je me hisse avec difficulté et m'installe à genou près du gode, mains sur les posées sur les cuisses.
« Prépare-le » me dit-il en me tendant le lubrifiant.
Du haut du gode, le gel s'écoule lentement le long des nervures. Je regarde un instant et prend ce membre à pleines mains pour le dompter pendant que mon maître s'installe. Fermement, je tourne, monte, descend. Du noir mate il passe au brillant, plus impressionnant. Je me prête bien volontiers au jeu de la masturbation, jusqu'à simuler de petites caresses de l'index sur le gland.
« Prépare-toi, maintenant ».
Pour ne rien perdre, il se lève et, pendant que je glisse les doigts entre les cuisses, fait le tour de la table avec son appareil. Au rythme des photos, je me caresse, pénètre le sexe et le cul. Le gode dresser devant moi patiente, son tour viendra. Inconsciemment, je soulève les cuisses et creuse mes hanches ; mes tétons durs glissent sous mes paumes. Laisser monter, laisser aller.
« Es-tu prête ? ».
J'hoche la tête vigoureusement. Oui, je veux empoigner cette verge noire luisante, me la fourrer dans le vagin comme si je ne pouvais que descendre, le poids de mon corps m'entraînant inexorablement vers le fond.
« Go ».
J'avance à quatre pattes et me positionne au-dessus de l'engin. D'une main le saisie et l'approche de mon sexe qui s'ouvre à lui, et le gobe. La descente est lente, je veux le sentir progresser en moi. Centimètre par centimètre, je m'enfonce sur lui. Pas de remontée, je veux aller au bout. L'arrivée est plus rapide que je l'imaginais. Un instant de pause et la lente ascension commence. Mon maître n'en perd pas une miette mais je n'y prête à cet instant aucune attention, toute à mon plaisir.
Les mains posées à plat sur la table, cambrée avec la tête rejetée en arrière, je monte et descend le long de mon pieux pendant de longues minutes. Plus rien n'existe sauf mon corps et ce gode sous les feux de son appareil photo.